Outils no code : l’impact sur les entreprises dans 5 à 10 ans
Un stagiaire propulse une application interne en une semaine, sans le moindre bout de code. D’un côté, la direction exulte. De l’autre, les développeurs plissent les yeux. Alors, qui brandit réellement le sceptre de l’innovation aujourd’hui ?
Les outils no code redistribuent les cartes : marketing, RH, achats, chacun bricole sa solution, parfois dans le dos de la DSI. Que va devenir l’expertise technique si tout le monde peut automatiser, connecter, créer ? Les choix stratégiques pourraient se prendre à la vitesse de l’éclair, mais à quel coût pour la cohérence et la cybersécurité ? Il n’est pas interdit d’imaginer que dans cinq ans, les ingénieurs ne seront plus les seuls à faire vibrer les murs du siège.
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Plan de l'article
Le no code aujourd’hui : état des lieux et enjeux pour les entreprises
En France comme ailleurs, les plateformes no code ont déjà conquis le paysage numérique des entreprises. D’après Gartner, 70 % des nouvelles applications d’ici 2025 seront créées grâce à des outils no code ou low code – une explosion, quand on sait qu’on n’était qu’à 25 % en 2020. À Paris, la demande flambe : la quête d’agilité et le manque de développeurs attisent l’engouement.
Le choix est vertigineux : Airtable, Google AppSheet, Microsoft Power Platform, sans oublier les CMS façon Webflow ou Wix. Tout ce petit monde permet de lancer des applications web, des applications mobiles ou des sites web en un temps record, sans avoir à rassembler une armée d’experts IT.
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- Automatisation des processus métiers
- Lancement express de prototypes et MVP
- Budget de développement allégé
Côté IT, le phénomène intrigue autant qu’il inquiète. La multiplication des solutions no code chamboule la gouvernance des projets et bouscule l’intégration avec l’existant. IBM, Microsoft et d’autres mastodontes misent gros sur le low code pour ne pas être relégués sur la touche.
Sur le territoire français, la vague no code fédère un nouvel écosystème : communautés de makers, incubateurs, événements… La frontière entre métiers et développement s’efface. La digitalisation des processus s’accélère, et l’innovation s’enracine partout, loin des circuits traditionnels de la tech.
Quels bouleversements attendre dans les métiers et l’organisation interne ?
La généralisation des compétences no code rebat la donne. De nouveaux profils émergent, les makers no-code s’installent au cœur des directions métiers, capables d’inventer des workflows sans toucher au code. Le développeur web no-code collabore désormais avec le marketing, la finance ou les RH. Résultat : la réponse aux besoins métiers gagne en vélocité.
- Les compétences en gestion de projet deviennent le pivot : piloter, tester, ajuster, sans passer par l’usine à gaz du développement traditionnel.
- DSI et CTO revoient leur partition : ils encadrent, sécurisent, orchestrent le foisonnement d’outils, et veillent à l’harmonie du SI.
Le mur entre technique et fonctionnel se fissure. Les utilisateurs métiers prennent la main sur la création d’applis ou l’automatisation, tout en respectant les règles de confidentialité et de sécurité imposées par la DSI. Cette tendance s’accompagne d’une vague de formations internes, où le low code s’impose comme un passage obligé.
Conséquence directe : le métier de développeur évolue. Il cible désormais les sujets complexes, les intégrations sur mesure, la structuration des flux de données. Les organisations deviennent plus souples, valorisent la polyvalence, accélèrent le tempo. Sur la chaîne de décision, l’autonomie des métiers grandit, propulsant la transformation continue sur tous les étages de l’entreprise.
Vers une innovation accélérée : promesses et limites sur la prochaine décennie
L’arrivée massive des technologies no code et plateformes low code bouleverse les règles de l’innovation en entreprise. L’intégration de briques d’intelligence artificielle – de GPT à Microsoft Power Fx – permet d’automatiser des processus complexes : gestion documentaire, automatisation prédictive des workflows… Les directions métiers prennent le volant, s’affranchissent en partie de l’IT, et accélèrent la création d’applications tout en soignant l’expérience utilisateur.
Dans ce sillage, de nouvelles perspectives s’ouvrent :
- Une automatisation de bout en bout des tâches répétitives, du support client à la supply chain ;
- La montée des solutions hybrides no code/low code capables de s’imbriquer avec l’existant sans une ligne de code ;
- Un accès simplifié à la donnée, via Cloud Pak for Data ou Airtable, pour des décisions plus rapides et mieux informées.
Mais la médaille a son revers. L’explosion des applis créées hors du radar de l’IT fragilise la gouvernance des données. Les plateformes low code, aussi séduisantes soient-elles pour leur agilité, exposent à de nouveaux défis : sécurité, intégration, conformité. Les entreprises devront trouver l’équilibre entre la vitesse et la robustesse, et accompagner la montée en puissance de leurs équipes. Les années à venir s’annoncent comme celles de l’innovation disséminée : des usages qui se diffusent vite, mais un impératif de vigilance sur la solidité des infrastructures.
Scénarios d’impact : à quoi pourraient ressembler les entreprises en 2034 ?
Des services d’entreprise profondément transformés
Cap sur 2034 : les outils no code auront métamorphosé l’organisation des entreprises. Les départements informatiques, garants historiques du digital, se mueront en conseillers stratégiques. Ils installeront des garde-fous pendant que chaque service gagnera en liberté. La digitalisation des processus métiers s’étendra partout, jusqu’aux zones les plus reculées de la supply chain, du marketing à la finance.
- En ressources humaines, le recrutement, l’intégration et l’évaluation des performances s’automatiseront via des applications conçues par les équipes elles-mêmes.
- Côté finance, la génération de rapports et l’analyse des flux deviendront instantanées, sans intervention humaine.
Les frontières métier s’effaceront : chaque collaborateur deviendra artisan de la transformation digitale. Les échanges, jusque-là coincés dans la boîte mail, s’orchestreront sur des plateformes collaboratives sur-mesure, créées sans code par ceux qui les utilisent.
Des projets accélérés, un pilotage distribué
Les entreprises adopteront un mode projet digne des startups : cycles brefs, expérimentation continue, adaptation permanente. Le no code placera l’audace au centre du jeu, réduisant l’emprise des solutions lourdes et centralisées. Prenez Dividend Finance, pionnier américain : automatisation intégrale, innovation portée par les métiers, DSI en chef d’orchestre discret. Cette décennie dessine une entreprise où chaque service devient moteur, et où la digitalisation devient un réflexe partagé.
Alors, dans dix ans, la vraie question ne sera plus « peut-on créer sans code ? », mais « oserons-nous limiter l’audace de ceux qui s’en emparent ? ». Les murs des sièges pourraient bien trembler – mais cette fois, au rythme de toutes les équipes.